Au sujet de l’expression « personne en situation de handicap »

C’est l’expression « à la mode », « politiquement correcte » , qui se veut généreuse et moins centrée sur la personne… mais, comme souvent dans le champ du handicap, mal comprise, déformée, galvaudée.

Cette expression, refusée par le législateur à l’époque des discussions autour de la loi 2005-102, se veut l’héritière des approches socio-environnementales du handicap.

Le problème c’est que cette expression, séduisante au premier abord, est utilisée de manière générique mais ne permet évidemment pas d’éviter tous les pièges sémantiques et conceptuels que nous tend cet objet insaisissable qu’est le « handicap ». Quels sont-ils ?

  1. Puisque la personne n’est handicapée que dans certaines situations, il faudrait alors parler de ces situations… C’est bien la situation qui définit le « handicap » de cette personne ou encore ses besoins en compensation. A l’usage, on constate que l’expression, utilisée de manière indifférenciée, reste en fait centrée sur la personne et ses difficultés et non sur la situation qui n’est pas définie.
  2. Comme cette expression est trop « généralisante » et que l’on cherche à catégoriser davantage pour « savoir de quoi on parle », on finit par dire « personne en situation de handicap moteur » ou « personne en situation de handicap mental », ce qui revient à parler de la déficience. Le modèle socio-environnemental portée en théorie par cette expression vole en éclats ! Ce sont, en quelque sorte, les joies de la sémantique qui nous offrent de solution conceptuelle satisfaisante seulement le temps de le dire…

Pour essayer de conclure, de manière très temporaire !, ne vaudrait-il mieux pas dire alors « personne en fauteuil qui se trouve en situation de handicap lorsqu’elle veut aller au village, compte tenu de l’emplacement de son logement et de l’état de la voirie » ? Le langage ne nous délivrera jamais de la nécessité de parler de personnes humaines, de parler aux personnes, de laisser les personnes parler d’elles-mêmes, au lieu de chercher à les enfermer dans des catégories toujours trop étroites.

Pour prolonger cette histoire de conceptualisation et de représentation du handicap, allez voir sur ce blog les autres articles à ce sujet : Peut-on définir le handicap ? et Histoire(s) de représentation du handicap.

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