Les EXPLORATIONS au GOUFFRE des PARTAGES en 2000

Benj RICHARD, Fabien DARNE – Interclubs Gouffre des Partages

Juillet 2000, un an après les fabuleuses découvertes à l’aval du GDP, l’Interclubs Gouffre des Partages sort de sa léthargie pour passer à l’action après tant de rêveries quant aux futures découvertes.

Petit rappel : 1999, une année mémorable

Cela fait déjà 3 ans que le M.413 - Gouffre des Partages bute sur un siphon, " le Big Blues ", à –700 m. En 1998 une désobstruction est commencée non loin de celui-ci. Une première équipe extrêmement motivée force le passage, après une très grosse frayeur dans une gigantesque trémie à l’amont de Retour vers le Futur baptisée pour la cause " Tréminator " et 2 jours de travail de forçat dans Germinal ! Elle lève 2,5 km de première - topo dans des salles (salle Patrick Roy) et des galeries énormes type PSM (Chérie j’ai rétréci les Gosses et la Cité des Enfants Perdus) ; arrêt vers – 800 m. Suit ensuite la découverte d’un canyon de toute beauté, d’une énorme salle dénommée " l’Eclipse " et d’une suite pas très évidente vu l’énormité des lieux aux environs des –1000m. Le réseau atteint 21 km pour une profondeur prudemment annoncée de 931 m. Il y a de grosses erreurs topo, on le sait, mais on ne peut pas y remédier à distance, il faudra s’y remettre et trouver la suite !

Une liste d’objectifs toute aussi énorme

Tous le monde s’attendait donc à un été 2000 palpitant. Il faut tout d’abord reprendre la topographie de 1999 dans laquelle plusieurs aberrations, sans doute dues à un matériel défaillant lors du levé, sont confirmées à l’altimètre. Conscient qu’une topographie ne doit pas dépasser un certain degré d’imprécision (surtout à la PSM où les jonctions sont systématiquement recherchées), il est décidé de reprendre l’ensemble du cheminement ouvert en 1999. D’autre part, le fond se situant à –1000 m et à quelques 8 ou 9 km de l’entrée, il est nécessaire d’installer un deuxième bivouac avant d’entreprendre la suite des explorations.

1 ère partie du camp, fin juillet & début août.

Comme chaque année le camp débute fin juillet avec une 1 ère expédition composée de deux équipes ayant pour ambition de réaliser d’emblée une bonne partie des objectifs. Une 1 ère équipe de 4 s’engouffre donc le lundi 24 juillet très lourdement chargée (sacs variant de 20 à 35 kg ; en tout c’est plus de 55 kg de carbure qui sont descendus par exemple, cela devient himalayen !) et parvient au bivouac 1 (Tous les Matins du Monde) en 9 heures.

Le lendemain, cette équipe part en direction du fond, mais ralentie par la rivière en furie, elle décide (sagement ?) de se délester de l'essentiel du matériel puis commencer la reprise topographique en renonçant d'aller au fond. Après 4 heures de travail derrière l’étroiture de –700 m, surprise ! le boyau " Germinal " est complètement rempli d’eau ! La stupeur passée, c’est l’installation d’un point chaud. Le verdict de l’inventaire tombe : la moitié d’un bidon de bouffe, quelques fringues de rechange et du carbure ! Le moral est bon, la deuxième équipe devrait être là dans 24 heures. Mais c’est sans compter sur le déluge qui tombe dehors ! L’équipe 2 se voit contrainte de reporter son entrée de 24 heures… C’est en fin de compte seulement 50 heures plus tard que les 4 infortunés sont délivrés par l’équipe 2 qui passe 5 heures à vider cette affreuse vasque à l’aide de bidons et de sacs étanches...*(Lire le texte complet sur cette mésaventure)

Après une bonne nuit de sommeil dans un bivouac transformé pour la cause en véritable poulailler (à 10 c’est un peu juste), 3 membres de l’équipe 1, marqués par 50 heures de jeûne et de manque de sommeil remontent accompagnés de 2 membres de l’équipe 2 à l’ardeur passablement émoussée par le poids des sacs et la tournure des évènements. Bref, c’est à 5 que le bivouac 2 " Songe d’une Nuit d’Eté " est installé à l’entrée de l’Eclipse après 9 heures supplémentaires de portage épuisant. En deux jours de boulot au fond, 1,8 km de topographie sont réalisés sans, du côté des explorations, faire de découverte majeure si ce n’est un modeste réseau marqué par un net courant d’air aspirant " -1001 l’Odyssée de l’Espace " et la descente du puits terminal jusqu’à un petit siphon. La topographie de l’Eclipse est entièrement réalisée en bientôt 7 heures ; elle mesure près d’1 km de circonférence ! La cote –1000 est sans aucun doute dépassée, bien que les chiffres précis ne soient pas encore disponibles.

Peu de temps après, une équipe photo réalise une bonne dizaine de photos aux ampoules dans les grands volumes (notamment la salle de l’Eclipse) et 20 minutes de vidéo. Une dernière expé fait une incursion au fond afin de poursuivre la désobstruction de " –1001 l’Odyssée de l’Espace " et commencer avec quelques arguments l’aménagement sérieux de " Germinal ".

Bilan de la 1ère partie du camp : bivouac 2 installé, 1,8 km de topo, des photos, mais le gros point noir demeure irrésolu : " Germinal " n’est pas sûre et aucune suite évidente n’a été trouvée.

2e partie du camp, fin août.

L’ensemble de l’équipe de 6 débarque le 26 août au matin à la Pierre. Le soir même, les sacs sont à l’entrée du trou. L’expé se scinde en deux groupes : un de 2 et un de 4, cette fois encore bien chargés ! Les 2 premiers " Partatgiens " crapahutent jusqu’au bivouac 2 en 9 heures, tandis que les 4 autres atteignent le bivouac 1 en 10 h, ce qui permet de relativiser quelque peu les distances et de désacraliser le fond, même si de l’aveu même des fautifs, ils se sont mis dans le rouge !

Le lendemain, deux équipiers rejoignent le bivouac SNDT tandis que les autres restent à –700 m pour aménager " vous savez quoi et avec de quoi dire ! ". Les quatre compères du fond fouillent un peu partout et trouvent un petit système de conduites forcées, type " Dolce Vita ", bref : la découverte du jour ! En une séance, ils lèvent 50 visées pour 300 m de première.

Le 3e jour, ils remettent ça avec à nouveau 50 visées dans du " très varié " : puits, zones boueuses, passages bas et petits actifs, sans pour autant retrouver la rivière. Ce réseau, " le Labyrinthe des Passions ", semble complexe et bien près de la zone de battement d’un niveau noyé ! Un petit air de Larrandaburu, non ?

Le 4e jour, ce groupe remonte en levant 700 m de topo vers –800 m dans les Rivières Pourpres, sous le laminoir du Silence des Agneaux, avant de rejoindre enfin les deux taupes qui creusent toujours à –700 m.

Une dernière séance de topographie (1 km de mieux) et de désobstruction, puis tous mettent les voiles en direction de la surface. Lors de la remontée, le déséquipement du bateau et des 320 m de puits sont réalisés dans la foulée.

Bilan de la campagne 2000

Certains pourront penser : " 2000 est une petite année " ; Mais finalement, malgré quelques fâcheux contretemps, quasiment tous les objectifs ont été atteints : 4730 m de topo ont été dressés dont plus de 1,2 km de neuf ; Germinal parait sécurisée et ne devrait plus pouvoir siphonner ; des photos et des images vidéo ont été réalisées ; un nouveau bivouac est opérationnel à –1000 m. Du coté des découvertes, ce sont 1273 m qui ont été topographiés à l’extrême aval et dans divers affluents. Côté chiffres, le développement passe à 22013 m, la profondeur à -1091 m. Ce gouffre devient ainsi officiellement le 4e de la Pierre, le 8e de France et le 63e mondial ; La salle de l’Eclipse - avec ses 47 000 m 2 - s’avère un peu plus grande (mais bien moins haute !) que la Verna. C'est donc l’une de 5 ou 6 plus vastes salles du monde !

Le Labyrinthe des Passions : arrêt sur pas grand chose ; Bon nombre d’étages restent inexplorés, ce qui laisse encore présager de belles découvertes.

-1001 l’Odyssée de l’Espace : ce petit réseau parcouru par un net courant d’air aspirant ne possède pas de suite franchement évidente (peut être une escalade ou la recherche minutieuse du vent le long de la faille ?).

Topographie : il y a encore pas mal à faire au niveau du dessin, notamment dans Soleil Trompeur à –900 m, et une salle est à topographier après le Silence des Agneaux.

Les T.P.S.T : la durée des explos a varié de 60 h à 180 h.

Interclubs Gouffre des Partages 2000

Clan des Tritons (69), S.C. Poitevin (86), CESAME (42) ainsi que la participation de spéléos du S.C. Béziers et Avant Monts (34), du G.S. Les Dolomites (69), du S.C. de la Montagne Noire et de l'Espinouze (34) et du Spéléo Club de la Seine (75).

Interclubs M.31 2000

Poursuite de la désobstruction à la base des puits avec fort courant d’air en direction des Noces Blanches de Retour vers le Futur (à suivre…) : S.G. Forez (42) et S.C. Villeurbanne (69).

Remerciements

Nous n’aurions pu tout réussir sans l’aide d’Expé (l’expédition Gouffre des Partages est lauréate d’une bourse Expé 2000), de Leica France par l’intermédiaire de Topocenter Lyon pour le prêt d’un télémètre laser, de Royco pour le don de 350 soupes gourmandes.

Pour plus d’information :

http://perso.club-internet.fr/fablo/laspeleo.html

http://webperso.easynet.fr/alexpont/



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