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COMPTE RENDU
DU STAGE FRANCO-LIBANAIS
DE PERFECTIONNEMENT TECHNIQUE
(Laurence TANGUILLE, Philippe MONTEIL, Fabien DARNE – Césame & Laurent MANGEL – Ursus)
POURQUOI CE STAGE ?
En 1991 et 1992, 2 équipes de spéléologues de la Fédération Française de Spéléologie se rendent au Liban à l’invitation du Spéléo-Club du Liban. A la suite de ces deux rencontres, des relations amicales ont pu être nouées entre les spéléos des 2 pays. C’est lors du dernier Congrès U.I.S. en Suisse en 1997, qu’un projet commun d’échange franco-libanais a pu être à nouveau formalisé à l’initiative de Patrice Tordjman, Fabien Darne, Laurence Tanguille, et Nour Farra. Il serait mené sur 2 années consécutives :
- La première année verrait l’envoi de cadres français au Liban afin d’encadrer un stage perfectionnement technique. Ce stage s’adresserait à tous les clubs du Liban.
- La deuxième année permettrait aux spéléos libanais qui le souhaitent et qui le peuvent, de venir en France suivre un stage d’initiateur fédéral F.F.S. Cela aurait le mérite de fonder un corps initial des cadres libanais en spéléologie qui auront alors tout le loisir de créer des brevets libanais spécifiques et sans doute une Ecole Libanaise de Spéléologie, premier pas fédérateur de la spéléologie libanaise.
Grâce à la signature d’un accord bigouvernemental entre la France et le Liban cette année, ce projet trouve enfin sa concrétisation matérielle (7 000 FF). Une équipe de 4 cadres est formée. La F.F.S., très attachée à ce projet l’aide aussi substantiellement (4 000 FF). Le CESAME, organisateur administratif, complète le budget à hauteur de 2 000 FF afin de limiter la participation personnelle des cadres. Le ministère Jeunesse et Sports du Liban assure l’hébergement des 4 cadres à l’arrivée et au départ, ; les spéléologues libanais, menés par Joseph ZEIDAN et Nour FARRA, se chargent de l’organisation logistique sur place.
Afin de recevoir des spéléologues libanais en France en 1999, il faudra à nouveau trouver un accord bigouvernemental et des financements. De bons contacts ont d’ores et déjà été pris avec Jeunesse et Sports Liban et avec la responsable de la Jeunesse et des Sports de la mission culturelle française à l’Ambassade de France à Beyrouth. Nous en reparlerons.
POUR QUI & PAR QUI ?
Le stage a accueilli 15 spéléologues libanais issus des 4 clubs, débrouillés techniquement, autonomes en progression horizontale et verticale, soucieux d’améliorer leurs techniques, leurs connaissances générales sur la spéléologie et de maîtriser l’équipement. Ce stage a suivit le programme des stages français (Cf. référentiels).
L’organisation du stage était assurée par l’Ecole Française de Spéléologie au travers du CESAME, organisateur administratif pour la France (Responsable du stage : Fabien DARNE, moniteur en cycle instructeur. Cadres : Philippe MONTEIL et Laurent MANGEL, moniteurs & Laurence TANGUILLE, initiatrice) et le Spéléo-Club du Liban pour le Liban (Responsable du stage : Joseph ZEIDANE. Président : Hughes BADAOUI. Logistique : Nour FARRA).
Les spéléologues libanais se sont occupés de l'organisation logistique. Joseph ZEIDAN, le responsable du stage au Liban, de l'hébergement, de la trésorerie, et des différents contacts sur place. Nour FARRA et Hélène RECHMANY, aidées par May FARRA, ont géré l'intendance. Tous les clubs spéléos libanais se sont mobilisés pour que 15 stagiaires (Pascale SALAME, Rena KARANOUH, Maïssa ZOGHBI, Rony NAJJAR, Pierre ABOU AKKAR, Walid CHOUEIRI, Marwan ZGHEIB, Joseph TABET, Fadi MEHANA, Fadi NADER, Charbel et Rony el-HAWA, Martin GEDEON, Bernard AOUN, Naoum BECHIR) représentants tous les clubs suivent ce stage. Fadi NADER (S.C.L.), Boutros ABI-AOUN (G.E.R.S.L.), et Hani ABDUL-NOUR (A.L.E.S.), nous ont présenté respectivement une conférence sur la géologie-karstologie, l'archéologie et la biospéléologie.
QUAND & OU ?
Le stage s’est déroulé du vendredi 31 juillet au soir au jeudi 6 août dans l’après-midi à Faraya puis à Aaqoûra.
DéROULEMENT JOURNALIER
Lyon, jeudi 30 juillet 1998 à 4h du matin, Fabien (dit Fab), Laurence (dite Lo), Laurent (dit Lorenzo) et Philippe (dit Philou) se réveillent. Nous décollons à 7h de l'aéroport Lyon-Satolas pour atterrir à 4h du matin le lendemain à Beyrouth, avec 4 heures de retard... Nous sommes accueillis par Joseph, Serge et Hugues BADAOUI et après une très courte nuit à l'hôtel ALEXANDRE (offert par le gouvernement libanais), nous nous retrouvons, à 12h, à la Direction Générale de la Jeunesse et des Sports, pour présenter le stage. Vers 16h, nous sommes chez les FARRA pour une petite collation fruitée en présence de Sami KARKABI. Et enfin, vers 20h le vendredi 31 juillet, nous nous installons dans l'école de Faraya, où la plupart des stagiaires sont déjà là. Après ces 40h de préliminaires pour 5h de sommeil, le stage peut commencer ! Tour de table où chacun se présente, présentation des objectifs du stage (Fab), des critères d'évaluation (Lorenzo) et du matériel personnel (Philou).
Samedi 1er août. Après une nuit agitée, en grande partie à cause de nos voisins trop bruyants, nous voilà au Pont naturel (Faqra, Mzar Qfardébiane). Plusieurs ateliers sont mis en place, équipement, confection de nœuds, déviation, amarrage naturel, nœud de lapin et même descente et remontée sur de la corde de 7 mm. Après un passage sur corde pour évaluer la progression de chacun, l’après-midi est consacrée aux passages de nœud, dégagements d'équipier et techniques de réchappe. En fin d'après midi on déséquipe et on rentre manger. Il est tard tout le monde est fatigué, mais on fait l'effort de représenter le programme précis de la suite du stage et les équipes du lendemain que nous avons formé en fonction de ce que nous avons vu. Après le repas chaque équipe prépare le matériel pour Baloua Balaa, le lendemain.
Dimanche 2 août. Vers 11h nous sommes à Baloua Balaa (mégaperte de 90 m de profondeur) et après un petit repas nos 3 équipes se lancent à l'assaut du gouffre. Cette perte est magnifique, beaucoup de spits sont plantés, on s'arrête au sommet du dernier puits, faute de temps. On remonte en déséquipant. Dans le couvent d'Aaqoura qui nous accueille, on attaque par un très bref point technique sur les remarques de la journée et un exposé de Lorenzo sur la physiologie et la prévention-secours. Après avoir fait deux équipes pour les deux jours à venir, on se retrouve pour dîner avant de se coucher.
Le lundi 3 août, une équipe part à Jouret el Abed et une autre en topo. La séance topo se déroule en 3 temps, d’abord en salle pour un exposé de Philippe, puis sur le terrain à Roueiss avant de reporter les données mesurées en salle bien au chaud ! ! ? En soirée Fadi NADER (S.C.L.) nous fait un exposé sur la géologie et la karstologie du Liban.
Le lendemain, mardi 4 août, les équipes s'inversent, mais au vu de la journée du lundi, Jour el Abed ne semble pas un gouffre approprié, on le remplace par le gouffre des Trois Ponts (Baloua Baatara). En soirée nous avons un exposé de Pito (Boutros ABI-AOUN – G.E.R.S.L.) sur l'archéologie et un autre de Hani ABDUL-NOUR (A.L.E.S.) sur la biospéologie.
Le mercredi 5 août, le gros de l'effectif visite Ain el Lebné en compagnie d'Hani et l'autre partie fait le gouffre des Trois Ponts (Baatara). La soirée est consacrée "au repas à l'arak" et aux plaisanteries juteuses (en version originale)...
Jeudi 6 août. Le lendemain matin on fait un peu de technique : dégagement d'équipier, passage de nœud et technique de réchappe. Puis après le repas et le nettoyage du matériel, on se retrouve en salle pour un dernier rappel technique et le bilan du stage.
Les participants ont pu apprendre ou affiner :
- leur progression sur corde (passage de nœud, de fractionnement sans clef, remontée en alternatif, ...) ;
- les techniques de réchappe et de sauvetage (nœuds autobloquants, descente au nœud italien, dégagement d'équipier du bas vers le bas, pour certains avec passage de nœud !) ;
- les techniques d'équipement (l'utilisation des sangles, le nœud lapin, les déviations, le confort, ...) ;
- les méthodes de levé topographique (la précision, les séries, le choix des stations, le soin du dessin, l'importance des bouclages pour évaluer la précision du travail effectué, ...) ;
- leurs connaissances générales du paysage karstique, de ces vestiges et de ces habitants (trogloxène, troglophiles, troglobie, ...).
Ce stage fut un grand moment pour nous qui avons découvert la richesse du potentiel de la spéléologie libanaise tant au niveau humain qu'au niveau karstique.
Après ces 6 jours riches d'échanges notre programme continuait : soirée avec le S.C.L., bilan du stage à la mission culturelle française, projection diapo sur la Qadicha, visite de Beyrouth, de Baalbeck et inoubliable repas à Zahlé.
Les plus beaux mots ne suffiront pas à remercier :
Hugues, Joseph, André, Serge, Tony, Nour, Naoum et la famille FARRA qui nous a hébergés ;
Pito et Pascale qui nous ont fait découvrir l'histoire et la préhistoire de Beyrouth ainsi que la grotte de Jiita et la vallée de la Qadicha (en diapos) ;
Hani, Maïssa, Fadi, Joseph, Charbel, Fadi, Hélène avec qui nous avons visité le site romain de Baalbeck et avec qui nous avons partagé le repas gracieusement et joyeusement offert par Joseph, Pierre, Walid et Roni ainsi que tous leurs amis de Wadi El Araych.
QUELLES PERSPECTIVES ?
L’évaluation de fin de stage permet d’envisager sérieusement l’organisation ou en tout cas l’accueil de plusieurs spéléologues libanais dans un stage d’initiateur fédéral français. Afin que ce projet se concrétise il conviendrait de solliciter à nouveau l’inscription d’un point " spéléologie " dans le cadre de la signature d’un prochain accord bigouvernemental franco-libanais.
De notre point de vue, l’évolution rapide et excellente, ces dernières années, de la spéléologie libanaise tend vers la création d’une Ecole Libanaise de Spéléologie (et pourquoi pas, à plus long terme d’une Fédération ?). Pour cela, la constitution d’un corps initial de cadres reconnus à l’intérieur comme à l’extérieur semble un préalable indispensable.