COMPTE-RENDU MAROC 98

 

Nous sommes partis le jeudi 2 avril au soir et après une nuit à Perpignan, nous avons rejoint Murcia dans le sud-est espagnol. Une sympathique pension de famille nous a permis de nous reposer afin de rallier Algesiras, vers Gibraltar après une traversée mémorable de la superbe Andalousie (montagnes, sierra et lumière splendides) et d’enchaîner de suite avec la traversée du détroit et l’arrivée à Tanger. Après avoir passé 2 heures (et 2 paquets de Camel en backchiche !) à la douane à remplir les formalités et surtout comprendre " l’esprit " de l’administration marocaine, nous étions enfin libres de poursuivre en terre marocaine.

Une nuit à Larache, près de l’antique Lixus, et nous arrivons (non sans avoir du payer 200 dirhams d’amende à la police pour excès de vitesse de 15 km/h constaté à… l’œil nu !) dimanche 5 avril à 17H au village de Tizy N’Isly, dans le moyen atlas de la Province de Beni Mellal, chez la famille d’un collègue de travail Saïd ECHAHID.

L’accueil et plus que chaleureux. Nous sommes littéralement pris en charge, gavés et dorlotés par cette famille très attachante de modestes charbonniers berbères habitant entre 4 murs de béton, sans électricité, avec quelques tapis et coussins comme seul mobilier. Le contraste est gênant pour nous mais devant leur gentillesse et leur générosité nous sommes bien obligés d’obtempérer ! Après 4 jours inoubliables passés là-haut dans la montagne nous nous séparons avec déchirement de la famille Echahid en promettant de revenir. Les enfants (et nous aussi !) se souviendront longtemps de Papy Haddou, de Zhour (notre " interprète ", la postière du village), de la fête de l’Aïd el Kébir, de la tête du mouton fichée dans l’arbre, du couscous qu’on mange avec les mains, des ânes et des dessins au henné sur les mains…

Nous nous rendons ensuite à Marrakech, haut lieu touristique du Maroc s’il en est et visitons rapidement la place Jama el Fna et le souk. Nous effectuons quelques emplettes typiques… Nuit à l’hôtel Toulousain très correct.

Le lendemain, nous sommes à Agadir, ville " nouvelle " moderne et propre de 100 000 habitants après avoir été rasée de lacarte en 1962 par un terrible séisme. Nos collègues spéléos de l’Association Spéléologique d’Agadir (Achir et Youssef) nous y attendent. L’accueil est très chaleureux (ce sont des Berbères du Souss cette fois-ci). Ils nous logent dans " le village de l’électricien " sorte de Club Méd pour les cadres de l’Office National de l’électricité, avec Bungalows modernes, piscine et population vivant à l’européenne et parlant français. C’est un peu trop luxueux pour nous, mais nous nous en accommodons. Une sortie au Win Timdouine, le grand trou du Maroc (8 km de rivière souterraine) est prévue pour le lendemain samedi. Le soir, nous sommes reçus chez Youssef, le Président du club, qui a convié nombre de membres du club avec lesquels nous devisons de politique, de spéléo, d’histoire tout en visionnant des K7 vidéo de leurs activités et en sirotant du thé à la menthe. Nous finissons la soirée dans un restaurant du bord de mer.

Le lendemain, c’est le grand départ à 8h30. Tout le monde s’entasse dans 2 trafics. Les enfants peuvent s’allonger dans un hamac suspendu à l’intérieur. Après moultes arrêts (gonflage des bouées, achat de nourriture, problème mécanique, contrôle de gendarmerie, etc.) et discussions nous attaquons la fameuse piste du Km 49 qui se déroule dans la montagne sur près de 20 Km. Nous ne regrettons pas de n’avoir pas pris notre voiture ! La piste n’est que nids de poule, effondrements, passages à gué et autre virages en dévers. Nous arrivons au village de Tiguy N’Chorfa où nous rencontrons Mohammed un gars du cru, qui s’est mis à la spéléo et qui est toujours partant pour une virée dans le Win Timdouine, il sera notre guide. Nous montons à l’émergence en 15 minutes et piquons une tête dans le bassin artificiel de l’entrée. Après une pause casse-croûte, nous sommes 9 à nous engager dans la cavité dont un certain nombre de débutants pour qui c’est le baptême du feu ( ?), pendant que Youssef et Yacine gardent Anouk et Matéo à l’extérieur.

La galerie d’entrée est vaste et envahie de grosses chauves-souris que Laurence apprécie peu. Nous naviguons sur des chambres à air de camions (bain de siège permanent garanti !) sur environ 1,5 km de plans d’eau (12° C ?), puis, après 500 mètres de progression chaotique, nous arrêtons au studio, galerie très concrétionnée, à 2 km de l’entrée. Mohammed se révèle un guide très attentionné et sûr. Nous ressortons rapidement après 6 heures passées sous terre, car pour certains c’est amplement suffisant. Nous nous arrêtons chez Mohammed boire un thé à la menthe, manger quelques brochettes. C’est l’occasion de quelques déclarations solennelles et de la remise de nos cadeaux (un livre sur la grotte Chauvet dédicacé par les auteurs pour le club et un t-shirt de la FFS pour Mohammed). Nous rentrons à Agadir vers minuit, fourbus mais heureux, non sans avoir servi de taxi pour des membres du village qui ne voient pas passer de voiture tout les jours !

Le lendemain, nous allons manger chez Achir Lahcen, le " père " de la spéléologie marocaine. Nous évoquons les possibilité d’échanges futurs et d’explorations au Maroc. Nous nous séparons vers 16h en nous promettant de nous revoir (là aussi !). Nous décidons de laisser tomber l’ascension du Djbel Toubkhal (4150 m dans l’Atlas, à 60 km de Marrakech) car il nous manque une journée et choisissons donc de remonter tranquillement par la côte jusqu’à Tanger.

La première halte sera Essaouira, paradis des véliplanchistes et du bois sculpté. Drôle de ville fortifiée à la Vauban et dont la Médina possède des rues toutes perpendiculaires les unes aux autres !

Ce sera ensuite El Jaddida, grande ville portuaire et universitaire sans grand intérêt exceptée la cité portugaise et sa superbe citerne de style roman.

Puis Casablanca (ville tentaculaire de 3 millions d’habitants) et la mosquée Hassan II (2ème plus grande mosquée du monde ; 50 000 places intérieures, 150 000 en tout ; un minaret de 200 mètres de haut ; 3 milliards de francs…) et Rabat, capitale animée possédant quelques beaux monuments comme la Tour Hassan, la muraille des Andalous ou la Casbah des Oudaïa.

Nous terminons notre course à Tanger, à l’Hôtel Ritz (et oui !), pas trop loin de la Médina et des Places du Grand et du Petit Socco, quartier chargée d’histoire cosmopolite.

Le jeudi 16 avril, après 6 contrôles et barrages divers nous montons enfin dans le ferry du retour sous un ciel menaçant. Nous traversons l’Espagne en 2 jours, après une halte à Murcia, et arrivons à Lyon le vendredi vers 22h après un périple de 5872 Km !

 

Nous garderons de ce voyage l’hospitalité des berbères du sud, la verdure des paysages, la météo toujours bienveillante, tous les endroits où nous n’avons pu aller (l’Atlas, Ouarzazate, la vallée du Draâ, Tafraoute, le Sahara, Layaoûne, etc.), l’accueil réservé aux enfants, la fête de l’Aïd, la vie bon marché, et la furieuse envie d’y retourner…

Fabien.





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