LEXIQUE
DES TERMES KARSTIQUES DIALECTAUX
DE LANGUE FRANçAISE
(Fabien DARNE – Tritons)
PRESENTATION & GENERALITES
Ce lexique a été conçu en réalisant la synthèse de différents documents publiés depuis une quarantaine d’années par les spéléologues francophones du vieux continent. Il est notamment très inspiré du lexique paru en 1959 dans les Annales de spéléologie du C.N.S. (Comité National de Spéléologie). Des modifications personnelles et des ajouts ont été nécessaires du fait de l’évolution de la langue et des connaissances dans ce domaine.
Nous reprenons à notre compte la définition d’alors concernant la terminologie spéléologique dialectale : " Par termes dialectaux nous entendons les expressions dont l'emploi est limité à certaines régions et ne sert pas à désigner un type morphologique à l'échelon national. Ce lexique groupe tous les termes de langue française, c'est-à-dire ayant cours en France et dans les régions suisses et belges de langue française. Les termes yougoslaves, allemands, arabes relèvent du dictionnaire international, fixant les synonymies […]. Ce lexique ne vise pas à fournir la définition détaillée de chaque terme régional : nous nous contenterons de préciser la signification de chaque mot par synonymie avec un terme général […]. En précisant la signification des termes nous prendrons le sens le plus général de chaque mot, des emplois aberrants étant toujours possibles. Citons La Noue le Meunier correspondant à une perte près de Quatre-Champs (Ardennes) alors que dans le patois local Noue signifie source. De même les Igues de Compolibat (Aveyron) désignent un ensemble ruiniforme, igue ayant cependant la signification générale d'aven dans le Quercy.
L’étymologie étant affaire de spécialiste et objet de discussions de la part de ceux-ci, nous ne mentionnerons pas dans ce lexique les racines de chaque terme. "
Il faut garder à l’esprit que ce lexique ne saurait être exhaustif et que la langue est en perpétuelle évolution. Certains termes consacrés par l’usage local ou détournés ne désignaient pas au préalable des phénomènes typiquement karstiques (chaudron, chiron…) ; d’autres termes, issus de la langue familière ou peu usités auparavant, apparaissent (trou, caverne, antre…), enfin, des termes devenus génériques sont issus de dialectes régionaux (aven, causse…). En ce qui concerne la terminologie des entrées de cavités, seules les dénominations suivantes qui ne sont pas des termes dialectaux au sens actuel du terme sont reconnues académiquement (Dictionnaire Le Robert) comme termes génériques.
Grotte (du grec kruptos qui signifie caché et qui a donné crypta en latin : crypte, grotte. Il a évolué également en de nombreux dérivés dialectaux : cropte, crotte).
Antre (du latin antrum, mot d’origine grec qui signifie creux)
Caverne (du latin cavus : creux, puis caverna : caverne. Même origine que cave et cavité)
Gouffre (du grec kolpos, puis du latin colpus qui signifie golfe)
Abîme (du grec abussos : sans fond, puis du latin abyssus qui a donné abysse et s’est également altéré en abismus, puis abyme au moyen-âge et enfin abîme, gouffre, cavité naturelle très profonde)
Aven est un terme occitan devenu générique en France, de même que causse ou lapiaz pour désigner des paysages karstiques. D’autres termes, moins spécifiquement karstiques ou dont le nom provient plutôt de la destination du lieu (charnier, moulin, etc.), ont été volontairement omis pour ne pas surcharger le texte. Certaines dénominations pourront apparaître litigieuses comme " pétrin " (Pétrin de la Foudre dans le Jura, appelé également " gouffre du Pétrin de la Foudre…), car semblant être des noms propres d’autres lieux, détournés par simplification. On pourrait ainsi dire à l’extrême que " berger " signifie grand gouffre dans le Vercors nord, car on dit dans le langage courant que l’on a " fait le Berger " ! Cela dit, si le terme apparaît à un moment ou à un autre dans la littérature, il est homologué ; car, à l’inverse, certains termes ont disparu dans un souci arbitraire et illusoire de simplification. Il faut signaler également l’absence quasi totale de termes québécois, corses ou basques dans ce lexique ainsi que l’omission de dénominations francisées ou dialectales d’autre régions francophones du monde.
Ce lexique est forcément incomplet, plein d’erreurs et de définitions incorrectes. Il appartient au lecteur de me faire parvenir ses remarques. Il serait bon pour chaque terme de pouvoir citer un exemple géographique précis. Ce travail n’est que la continuation de l’śuvre des prédécesseurs, il me semble important et mérite d’être poursuivi.
CORPS DU LEXIQUE
ABANNET (Belgique) : aven fossile comblé par les sédiments.
Aben : voir Aven.
ABISME (Gascogne, Alpes), ABISSE (Limousin, Languedoc), ABIS (Languedoc), BŹ ME (Bourgogne, Champagne) : suivant les cas aven (Abîme de Lafage, Causse de Martel) ou émergence vauclusienne (AbÐ me du Toulon, près de Périgueux).
Acaus : voir Causse
Adous, Adouse, Adoux : voir Doux.
ADUGEOIR (Belgique) : perte en activité.
Afoux : voir Fons.
AGOLINA (Belgique) : perte permanente.
AIGUIGEOIS (Belgique) : perte intermittente.
ALENADOU (Pyrénées) : trou souffleur.
ARRES (Pyrénées occidentales) : lapiaz nu.
AVALLéE (Belgique) : chapelet de dolines.
AVEN, AVENC (Languedoc), ABEN (Rouergue) : Ouverture d'un puits débouchant en surface. Terme devenu générique.
AYGO (Drômois et Hautes-Pyrénées) : source.
BACHAS, BACHASSOUS (Dauphiné) : auge au sens général; s'applique à un lapiaz, éventuellement une doline.
BALME (terme des régions romanes de 1'Autriche aux Pyrénées), BALMA, BAOU, BAOUMO, BOUMO (Dauphiné, Provence), BARMA (parfois ARMA), BARME, BARMO (Alpes, Provence), BAUME (Jura suisse et français, Alpes, Provence, Causses majeurs et mineurs, etc.) : grotte.
BALMETTE, BAUMELLE, BAUMETO, BAUMETTE : petite grotte.
BAOUMAS, BAUMAS, BAUMASSO, BAUMARASSO : grande cavité.
BARRANC, BARENG, BARENC, BARRENC (Languedoc, surtout dans la partie orientale des Pyrénées) : aven.
BARRE : falaise (Barres du Dévoluy et du Vercors, côte des Bars et plateau du Barrois).
Baume, Baumelle, Baumeto, Baumas, etc. : voir Balme.
BAUVE, BOVE (Nord de la France) : tuf friable favorable au creusement de cavités artificielles, par extension grotte.
BéTOIRE, BETUNE (Normandie, Bassin Parisien) : perte de ruisseau, parfois aven ou doline en entonnoir absorbant.
BIEF (Jura) : ruisseau, perte.
Bîme (Bassin parisien) : abîme dans le sens de source remontante.
Blagour : voir gour
Bleu-fond (Périgord, Quercy), LAC BLEU (Gabon, Congo) : source remontante, émergence en forme de petit lac.
BOIS-TOUT, BOITOUT (Causses, Rouergue et Languedoc) : perte.
BORNA, BORNALE (Alpes), BORNO (Languedoc), BOUERNO (Marseille), BOUARNO (Dauphiné), BOURNO (Limousin), BOURGNO (Rouergue), BOURNE (Vercors), BORNE, CABORNE (Jura), CABOURNE, CAMBOURNE (Ain) : creux, cavité.
BOUCHE : cavité (grotte de Bouche Roland, près de Rodez).
Bouerno : voir Bornale.
BOUFFIA, BOUFFIO (Quercy) : grotte.
BOULIDOU, BOUILLIDOU (Languedoc, Provence, Périgord), BOUILLON, BOUILLANT (Charentes, Côte-d’Or), BOUILLY (Vercors) : émergence, " endroit d'où l'eau sort en bouillonnant ". (Bouillidoux des Fonts à la Chapelle-Faucher, Dordogne).
BOUHADéRE, BUHADE, BUHADERO, BUHAT, BUHATCH (Pyrénées centrales) : trou fumant ou trou souffleur.
Boumo : voir Baume.
BOURBOUILLON (Jura) : entonnoir absorbant.
Bourno, Bourgno, Bourne : voir Bornale.
BRACAS (Pyrénées occidentales) : lapiaz de karst couvert.
BRUDOUR, BRUDOUX (Dauphiné) : ce terme appartient probablement à la famille de Bornale.
Caborne : voir Bornale.
CAHUGE (Entre-deux-mers) : doline.
CAIRE, CAYRE, CAYROL, CAYROU (Languedoc) : pierre, bloc, cône d’éboulis.
CALAVEN (Languedoc, Provence), CARABAN, CARAVEN, CARAVETTES
(Languedoc) : aven.
CALM, CAM, CAN, CHAM, CAUMO, CHAMP (ensemble du sud de la France) : plateau rocheux, souvent synonyme de causse ou de lapiaz. Dans le Dauphiné, déformation de Lou Can en l’Oucane ; voir ce mot.
CAUNE, CAOUGNO, CAOUNO (Languedoc, Gascogne), GAUGNE, GAUGNO (Haut Languedoc) : grotte (Monts de Lacaune).
CAUNETTE, CAUNELLE (Languedoc) : petite grotte.
CAUSSE : plateau karstique . Ce terme est si fréquent dans tout le sud de la France (des Grands Causses au Plateau de Caussols), que Martel le proposa comme terme générique.
CAVE : grotte (en toutes régions : Cave Noire de Baulmes dans le Jura Vaudois, Cave à Margot, dans la Mayenne).
CERNETROU (Jura) : trou servant de dépotoir.
CERON (Vivarais) : Aven.
CHAMBRE (Haut-Languedoc, Jura) : Grotte (Chambres de Bernicaut, près de Sorèze, Les Grandes Chambres, près de Mont Foirond, Jura).
CHANTOIR (Belgique) : perte active.
CHAUDRON (Belgique) : marmite de géant.
CHAVéE (Belgique) : vallée sèche.
CHIRON (Poitou) : endroit inculte signalé par des pierrailles et broussailles pouvant marquer un point d'absorption. Quelquefois affleurement rocheux.
CHOURUM, CHOURUN (Dévoluy) : aven.
CINGLE, REIS (Périgord, Causses) : falaise ou pente calcaire curviligne de méandre.
CLAP, CLAPAS, CLAPE, CLAPIER, CLAPISSE (Languedoc, Vercors) : amas ou tas de pierraille, pente d'éboulis. Par extension, désigne un lapiaz (Les Claps à Caussols).
CLOS, CLOT (Languedoc, Provence), CLś T (Gascogne) : creux, cavité, le plus généralement synonyme de doline, parfois abri sous roche ou grotte.
CLOUP (Quercy) : doline.
CLUE (Provence) : synonyme de Cluse (ce terme originaire des Alpes et du Jura étant devenu générique), vallée tranchant un chaînon plissé.
CLUZEAU, CLUZEL, CRUZEL, CROUZEL (Périgord, Languedoc) : cavité artificielle ; désigne parfois une cavité naturelle.
COBAS, COBA, COVAS, COVA (Partie orientale des Pyrénées) : grotte.
COMBE, COUMBO, COUME, CAMBOU : dépression très encaissée, sèche ou non, fermée ou non suivant les endroits. Diminutifs en COMBEL, COMBELLE, COMBET, COMBETTE, COMBILLOUS (Jura, Quercy, Languedoc…) : petite combe mais aussi doline.
CONCHE, CONQUE, CONCA, CONCIA, COUNCHA (Languedoc, Vivarais) : creux qu'il s'agisse d'une cupule, d'une marmite de géant, d'une grotte, etc. (La Coquelière ou Councha al Lièro, la Cocalière…).
CREUTTES, CROUTTES (Artois) : grotte.
CREUX (Belgique, Jura suisse, Bourgogne, Savoie, Poitou), CRESSE (Ain), CREUT (Charentes), CRO, CROS, CROT, CROTTE, CROSE, CROZE, CROUZEL, CROUZET, CROUZETTE CROZOUL, CRUTCH, CROUTCH (Provence, Causse, Languedoc, Quercy, Périgord), : grotte (Bourgogne, Périgord) ; doline (Causse, Poitou) ; émergence (Bourgogne) ; doline ou gouffre (Jura), aven (Rouergue), perte (Savoie).
Cros, Crot, Cro, Crose, Croutch : voir Creux.
Crouttes : voir Creuttes.
Crouzette, Croze, Crozoul : voir Creux.
CRUSEL (Aquitaine) : souterrain-refuge, voir Cluzel.
Crutch : voir Creux.
CUL (Est de la France) : venue d’eau (Cul du Cerf en Haute-Marne).
CUVE : marmite de géant (Saut de la Cuve à Gérardmer, Vosges), par extension peut désigner une grotte (Cuves de Sassenage, près Grenoble).
CUZOUC, CUZOUL (Quercy, Rouergue) : cavité, grotte ou aven.
Danna, Dannaz : voir Tanna.
DéSERT : lapiaz (Désert de Platé).
DEVéS, DEVéZE, DEVOIS (Sud de la France) : lapiaz et par extension aven.
DOUA, DOUE, DOUS, DOUX, DOUIX DUIS, DOUILLE, DOUILLON, DOYE, DOUZE, DOUYME, DUéE, DOUTS, DOUCH, DOUSE, DOULZE, DUIS, DHUIS, DHUYS, ADOUX, ADOUS, ADOUSE, ADOUIX (répandu avec ses variantes en Bourgogne, Jura, Vivarais, Languedoc, Causse, Périgord, etc.) : source abondante et pérenne.
DOUVE (Belgique, Touraine) : perte (Belgique), cavité artificielle (Touraine).
DRAGONNIERE (Aveyron, Ardèche) : source.
Duée, Duis : voir Doue.
ECUELLE (Alpes, Vivarais, Languedoc) : cupule (Rocher des Ecuelles, Casteljau, Ardèche), par extension, lapiaz.
EMBOUTEILLON (Bugey) : perte.
EMBUC, EMBUT, IMBUT (Provence, Languedoc) : perte.
EMPOSIEU, EMPOSIEUX (Jura suisse et français) : perte dans un entonnoir, doline, parfois aven.
ENDOUZOIR (Bourgogne, Champagne, Jura) : perte.
ENFONçURE (Jura) : doline terreuse sous-tirée.
ENGOULOIR, ENGOLLON, ENGOLLIEU (Jura) ENGOURGEOIR (Belgique) : perte.
ENTOURNADOUS, ENTOURNADOUX (Pyrénées centrales) : entonnoir.
Espalongue, Espéluche, Espelugue, , Espelungue, Espelunque : voir Spelunque.
ESSERT (Suisse) : lapiaz.
ESTAVELLE (Languedoc) : source temporaire de trop-plein.
EVENT (Languedoc) : source karstique.
EYDGE, EYDZE (Périgord, Quercy) : aven.
FOND (Bassin de Paris) : vallée sèche. Doline dans les Charentes.
FONS, FONT, FONTAINE, FOUNT, FOUNTET, FOUSSE, FOUX, AFOUX, FUON (Sud de la France) : émergence.
FONDRIERE, FOUDRIERE (Jura suisse) : effondrement, doline, par extension: gouffre (peu employé).
FONTIS, FONDIS (région parisienne, Poitou) : effondrement dans les anciennes carrières qu'il s'agisse d'une cloche en galerie ou d'un entonnoir en surface (région parisienne), maison écroulée, quelque fois effondrement du sol (Poitou).
FORRAL (Pyrénées orientales) : aven.
FOSSE (Bassin d'Aquitaine, Poitou, Bassin de Paris) : par extension désigne une émergence (Fosse Dionne à Tonnerre dans l’Yonne), un aven (Charentes), une doline (Poitou, Charentes), une perte (Champagne).
FOURFOUL (Quercy) : émergence bouillonnante.
Fount, Fountet, Fousse, Foux : voir Fons.
FRAUT, FRAU (Quercy) : désert, par extension lapiaz.
GARAGAÏ, RAGAGé, RéGAGé, RAGAÏ, RAGAS, REGAÏ, (Provence) : aven, parfois résurgence.
GARRIGUE (Bas Languedoc) : là où pousse le chêne vert (Garric), petite surface calcaire de basse altitude, synonyme de petit causse.
Gaugne, Gaugno : voir CAUNE.
GLACIERE (Alpes, Jura) : grotte ou aven présentant un névé ou un glacier souterrain. A pu servir de carrière à glace. (Glacière d’Autrans, Vercors).
GOBE, GOBIO (Périgord, Charentes), GOBE, GOVE (région de Dieppe) : doline (Périgord, Charentes), habitat troglodytique (Dieppe).
GOLET (Isère, Savoie, Ain) : gouffre.
GOUEIL (Pyrénées centrales), GOUILLE (Savoie), ŚIL, OUEILL, OUILL (Pyrénées, Quercy), OUEIL (Pyrénées, Savoie), OUILLADE (Périgord) : émergence.
GOUFFIO, GOUFIO (Causses, Gascogne) : aven.
GOUFFRE (Ardennes) : très employé pour désigner une perte.
GOULE, GOUL (Vivarais, Dauphiné), ANTHéGOULE (Vivarais) : perte (Languedoc) ou émergence (Dauphiné).
GOUR, GOURB, GOURC, GOURG, GOURGUE, GOURGAS, GOURP, BLAGOUR (Languedoc) : eau profonde, émergence, dans certains cas, gouffre.
Gove : voir Gobe.
GRAS (Vivarais) : causse. B. Gèze proposa karst ou kras comme origine lointaine (indo-européenne) de ce mot.
HARPIA (Pays Basque, région de Saint-Jean-Pied-de-Port) : abri sous roche, même profond
HOULERIE (Champagne) : cavité.
HOUNT (Pyrénées) : apparenté à Font par Fount ; émergence.
HOURRAT (Pyrénées) : gorge étroite ou grotte.
IGUE, YGUE (Quercy) : aven.
Imbut : voir Embuc.
INGLUTIDOR (Pyrénées orientales) : perte.
ISSOUDAN (Languedoc oriental) : émergence.
KARRIK (Massif d'Arbas, Pyrénées centrales) : lapiaz. Terme à rapprocher de l’allemand karren et donc de kras, karst, d’origine indo-européenne.
KHARBIA (Pays Basque, Pays de Soule) : grotte. (Mot d’origine arabe ?).
Laissine, Laizine, Lazine, Lazune : voir Lésine.
LAURON, LAUROUN (Provence) : émergence bouillonnante dans une nappe phréatique.
Lac : voir Lavogne.
Lac bleu : voir bleu-fond.
LAPIAZ, LAPIéS (Savoie) : étymologiquement ce terme provient du Latin lapis : pierre et signifie pierreux. On dit aussi qu’un lapiaz est un champ de lapiès, donc de pierres.
LAVOGNE, LAC (Languedoc, Causses) : doline à fond argileux ou colmaté artificiellement et conservant les eaux de pluie au moins temporairement. Sert d'abreuvoir en été. Le plus souvent artificielle.
Lazune : voir Lésine.
LéCIA, LECCIA, LESIA, LESCIA, LEZIA (Pays Basque) : aven; par extension désigne parfois une grotte ou une perte.
LéSINE, LéZINE, LAIZINE, LAISSINE, LAZINE, LAZUNE (Jura) : puits de lapiaz, par extension lapiaz.
Lespugue (Pyrénées) : voir spugue.
LUUA (Pays Basque) : doline (à St-Jean-Pied-de-Port) ; tous les trous et fossés peu profonds (Pays de Soule).
MALAVEN (Gard) : aven.
MARCAS, MARQUOIS (Artois) : perte.
MARDELLE (Normandie, Picardie, Berry, Champagne, Lorraine, Vosges) : doline.
MARE : par extension peut désigner une doline.
MARNIèRE (Perche) : puits naturel, effondrement.
Marquois : voir Marcas.
MAUVE (Sud du Bassin Parisien) : source remontante.
MESCLA, MESCLADOU (Provence) : confluent.
MORDELLE (Normandie) : doline.
MORTE (Lorraine) : eau stagnante, synonyme de mare. Voir ce mot.
MUCHE (Picardie) : grotte ou cavité artificielle.
NOUE (Champagne) : source.
Śil, Oueil, Ouill : voir Goueil.
OUCANE (Dévoluy, Dauphiné) : lapiaz (Ex. : Oucane de Chabrières, Hautes-Alpes).
Oueil, Ouillade : voir Goueil.
OULE (Alpes, Quercy, Rouergue) : marmite de géant (Exemple : Pont des Oules, prés de Bellegarde), par extension gorge, cañon ou étroit accidenté de marmites (Alpes), émergence (Rouergue, Quercy), doline (Alpes), perte (région du Mt Cenis). Diminutif : Oulette.
PÂTU (Jura), PEUPTU (Bourgogne), PEUTEFOSSE (Moselle, Haute-Marne) : aven.
PAYROL, PEYROL, PEYROU, PEYRAOU, PEYRAO, PEYRO, (Languedoc) : tas de pierres mais également résurgence temporaire remontante à orifice en entonnoir, doline.
PERTUS, PERTUIS, PORTUS, PETCHU (Est de la France) : trou ; par extension certaines grottes, puits naturels, etc.
PESCHIER, PESCHIé, PESQUIé, PESQUIER (Languedoc, Provence) : source ou résurgence, parfois déformé en Pêcher.
PéTRIN (Jura) : doline, perte (Pétrin de la Foudre à Choux, Jura).
Peyrol : voir Payrol.
PISSOTTE (Champagne), PISSEUX, PISSIEUX (Jura) : fontaine.
PLAINE, PLAN, PLANèRE, PLANET, PLANIOL (sud de la France) : plateau ou plaine karstique, par extension désigne un bassin fermé voire le fond plat d'un poljé.
PÔNE (Jura) : aven.
POT (Vercors), POTU (Bourgogne) : doline, parfois aven.
POUDAC, POUNT, POUSAIL (Gascogne), POUL (Lorraine et Jura), POUTS, POUTZ, PUTS, PUT (Pyrénées Centrales) : aven.
PUISARD (Vosges) : perte.
PUY, PEY, PECH, PUECH, PUIG (Sud de la France) : sommet, par extension puits ?
QUEBE (Pays d’Ossau) : grotte.
QUEBOTTE (Pays d’Ossau) : petite grotte.
Ragagé, Ragas, Ragaï, Regaï, Regagé : voir Garagaï.
RANC (Vercors, Chartreuse, Vivarais) : vire entre deux falaises (Vercors, Chartreuse), rocher ou montagne (Vivarais).
RASCLE (Cévennes, Provence, Pays Basque) : lapiaz.
Reis : voir Cingle.
RESSE, RESSEC, RIEUSSET, RIEUSSEC, RIOUSSEC, RIOUSSET (Languedoc) : ruisseau à sec, oued.
RIALAS (Alpes) : lapiaz.
ROC, ROCHE : rocher ou montagne, falaise ; par extension, doline à parois rocheuses (Quercy).
ROFFY, ROLPHIE (Périgord) : grotte fortifiée.
ROUCORELLE, Roucu (Quercy) : lapiaz.
RUELLE (Larzac) : cannelure de lapiaz.
RUPT (Meuse) : aven.
SABOT (Alpes dauphinoises) : doline.
Saillet : voir Scialet.
Sarriet : idem.
SARRAT (Haute-Garonne) : gouffre ?
SAUT : voir Sot.
SAVENS (Alpes du Dauphiné) : aven.
SCAFAROTE (Causses) : petite cavité.
SCIALET, SAILLET (Vercors) , SARRET, SARRIET (Alpes) : endroit encaissé, par extension aven.
SILUA, ZILOUA (Pyrénées occidentales) : grotte; abri sous roche.
SOMME (Bourgogne, Champagne) : émergence.
SORGUE, SOURGENT, SURGENT (Languedoc) : source, peut-être par extension aven. Souvent déformé en Sergent.
SOT, SOTCH (Causses) : doline. Ecrit parfois Saut par déformation.
Souci (Poitou, Périgord, Rouergue, Bourgogne, Auvergne) : perte, par extension aven (Exemple : Creux du Souci, Puy de Dôme).
SOUDE (Côte d’Or) : émergence. Diminutif : SOUDRON
SOUFFLARD (Belgique) : trou souffleur.
SOULIER (Causse de Martel) : émergence.
SOURCE (Isère, Jura…) : source généralement vauclusienne (source bleue, noire…).
SOURDI (Poitou) : source temporaire se localisant dans la partie inférieure des vallées.
SPELUNQUE, SPELUNGUE, ESPELUGUE, ESPALONGUE, ESPELUNGUE, ESPELUNQUE, ESPELUCHE, (Provence, Languedoc, Béarn), SPéOS (Québec) : grotte ou aven.
SPUGUE, SPUGO, SPOULGA (Pyrénées centrales) : grotte. Parfois déformé en Lespugue.
SPUGUETTE : diminutif du précédent.
Surgent : voir Sourgent.
TAFFONO, TAVONO, TUVONO (Corse) : tanière, grotte par extension.
TANE, TANO, TANNA, TANNE, DANNA, DANNAZ, TANNAZ (Préalpes et alpes calcaires suisses, Savoie) : cavité quelconque mais plutôt verticale.
TINDOUL (Causses) : aven.
TINE (Jura et préalpes suisses, Savoie) : élargissement local dans une cluse étroite (Suisse), caverne (Savoie).
TOMBARELLE, TOMBARET (Jura) : aven.
TOULON (Périgord) : émergence.
TOUMPLE (Provence), TOUNFLE (Dauphiné) : aven.
TRAOU, TRAOUC (Languedoc, Gascogne, Provence, etc.), TREU (Picardie), TROU (terme généralisé), TRÔ (Wallonie) : toutes les cavités ; synonyme de aven, grotte, perte, etc.
TOUC, TRUC, TUC (Pyrénées) : sommet, roche, falaise, par extension grotte ?
TUNE, TUNETTE (Haut Vivarais, Diois, Dévoluy), TUNO, TUTE, TUTO, TUTTO, (Pyrénées centrales) : tanière, par extension grotte ou gouffre. Parfois souterrain refuge.
TURON (Périgord) : perte.
VALAT (Causses) : ravin sec.
VALLEUSE (Normandie) : vallée sèche.
VALNIVEAU (Belgique) : talweg.
VEYSSIéRE (Sud de la France) : doline à large ouverture.
VICHOUNE (Poitou) : vallée sèche pouvant être parcourue par un ruisseau temporaire.
ZILOUA (Pays Basque) : voir Silua.
Bibliographie
L. MAURY (1929) – Les noms de lieux des montagnes françaises – C.A.F., Paris.
Coll. (1959) – Lexique des termes spéléologiques dialectaux rassemblés par le groupe scientifique du Comité National de Spéléologie – Annales de spéléologie, XIV, fascicule 3-4, 1959, pages 323-331. C.N.S., Paris.
P. FENELON (1968) – Vocabulaire français des phénomènes karstiques – Mémoire et document du Centre de recherche et Documentation Cartographiques et Géographiques, Phénomènes karstiques, I, pages 13-68.
I. GAMS (1972) – Slovenska kraska terminologija – pages 45-76 en anglais. Lubljana.
B. GEZE (1973) – Lexique des termes français de spéléologie physique et de karstologie – Extrait de Annales de spéléologie, tome 28, fascicule 1, 1973, 20 pages. C.N.R.S.
J. CHOPPY (1985) – Dictionnaire de spéléologie et karstologie – 143 pages, 11 planches photographiques. Spéléo Club de Paris, Paris.
H. SALVAYRE (1995) – Le nom des " sources " in Au-delà des siphons… Histoire de la plongée souterraine en France – Pages 227-230. Editions Jeanne Laffitte / Eau Développement, Marseille.
R. AYMAR (1996) – Atlas toponymique pyrénéen – Uzos.