Du CARBURE de CALCIUM à l'ACÉTYLÈNE

(Fabien DARNE - TRITONS)

 

Le carbure de calcium et l'acétylène font partie intégrante de l'attirail du spéléologue et ce, depuis des lustres (si vous me permettez l'expression...), mais en fait, combien connaissent l'origine exacte et les propriétés des ces extraordinaires petits cailloux qui brûlent avec de l'eau ce qui ne lasse pas de subjuguer le débutant ? Combien croient encore qu'on s'éclairait à l'acétylène avant l'apparition de l'électricité ? Combien enfin, ignorent ou plutôt négligent les règles élémentaires de sécurité inhérentes au stockage ou à l'utilisation du carbure et de l'acétylène ?

Cette petite note tâche d'apporter un éclairage nouveau sur ces produits usuels du spéléologue.

 

1. Le CARBURE de CALCIUM

Propriétés du carbure de calcium

Lorsque le carbure sort du four il se solidifie et cristallise sous la forme d'un corps opaque, gris foncé, légèrement mordoré. Sa densité est de 2,2 et il est dur comme du granit. Cette apparence varie suivant le soin apporté à sa fabrication et la qualité des matières premières employées.

Le carbure de calcium est un éthyne (alcyne) combiné à un atome de calcium : CaC2.

Il est très hydrophile, il absorbe l'humidité de l'atmosphère (ou l'eau de la calebonde...). Son calcium décompose l'eau et en fixe l'oxygène tandis que l'hydrogène se combine au carbone pour former l'acétylène. Il en résulte une forte odeur alliacée d'acétylène tandis que la surface du bloc va se couvrir d'une couche blanche de chaux éteinte.

Formule chimique de la réaction avec l'eau :

CaC2 + 2 H2O -------> Ca(OH)2 + C2H2 + Chaleur (31 kcal)

(Carbure) (eau) (chaux) (acétylène)

Il résulte de cette réaction qu'un kilogramme de carbure de calcium nécessite la décomposition de 500 grammes d'eau et fournit 350 l d'acétylène et 1 100 grammes de chaux hydratée, tandis qu'il se dégage 430 kcal, quantité de chaleur considérable, qui entraînerait la polymérisation de l'acétylène si elle n'était en grande partie dissipée.

 

2. L'ACÉTYLÈNE

L'acétylène joue un rôle très important comme combustible dans le chalumeau oxyacéthylénique de même que dans un grand nombre de synthèses industrielles. Le développement de sa production, liée initialement à celle du carbure de calcium (par hydrolyse du carbure concassé dans des sortes de grosses "calebondes"), a su s'en libérer par la mise au point de divers procédés de craquage du gaz naturel ou d'essences de pétrole.

2.1. Propriétés chimiques

L'acétylène de formule brute C2H2, est le premier terme des alcynes ou hydrocarbures acétyléniques de formule générale CnH2n-2. Ces derniers sont caractérisés par la présence d'une triple liaison entre les deux atomes de carbone. Les propriétés chimiques de l'acétylène s'expliquent essentiellement par la présence dans la molécule de cette triple liaison constituée d'une liaison simple s et de deux liaisons p. C'est cette liaison s peu stable de longueur 1,24 Å et d'énergie 194 kcal qui explique la réactivité de l'acétylène.

L'acétylène dont la formation est endothermique (DH = -54,2 kcal/mole) est instable, ceci explique la facilité avec laquelle il donne lieu à des réactions de synthèse et sa grande chaleur de combustion (13 880 kcal/m3) :

2 C2H2 + 5 O2 ----------------> 2 H2O + 4 CO2 + (DH = -110 kcal)

et aussi les risques d'explosion, dès qu'il est en présence d'air ou même en l'absence de celui-ci, lorsqu'on le comprime au delà de 15 kg/cm2. On voit aussi que la combustion de l’acétylène entraîne la formation de CO2, 1 kg de carbure de calcium doit dégager environ 700 litres de CO2. Un éclairage acétylène ne produit que 0,73 litre de CO2 par minute soit moins que la respiration normale d’une personne.

La stabilité de l'acétylène décroît avec l'élévation de la température et de la pression. On admet que jusqu'à 120°C, l'acétylène offre une stabilité d'emploi suffisante. Au delà, il peut se polymériser, c'est à dire donner naissance à des produits de condensation plus lourds : benzène surtout, avec dégagement de chaleur pouvant entraîner à son tour une décomposition explosive de l'acétylène en ses éléments carbone et hydrogène, et ce, comme on l'a vu, même en l'absence d'air !

Les mélanges d'air et d'acétylène risquent de s'enflammer et d’exploser au contact d'une flamme, d'une étincelle, d'une résistance ou lorsqu'on les porte au-dessus de 300°C : la combustion totale exige un volume d'air important sinon il se forme du noir de fumée.

La combustion fournit une flamme blanche très lumineuse (vingt fois plus intense que celle du gaz de ville d'où sont intérêt pour l'éclairage public au début du siècle), dont la température dépasse 3000°C avec l'oxygène, et 2000°C avec l'air.

2.2. Propriétés physiques

L'acétylène, de masse molaire 26.028, est un gaz incolore dont l'odeur rappelant le géranium est généralement masquée par celle, alliacée de la phosphine ou hydrogène phosphoré (PH3). On note la présence odorante de sulfure d’hydrogène et d’ammoniac ; l'arsine (AsH3, trihydrure d’Arsenic) qui peut accompagner la phosphine étant par contre très fréquemment inodore. Vous savez maintenant pourquoi l'acétylène "spéléo" sent l'ail (mais un peu l'œuf pourri aussi !).

L'acétylène gazeux est légèrement plus léger que l'air (d = 0,9) : un litre d'acétylène gazeux pèse 1,15 g à 15°C à la pression atmosphérique. C’est un gaz instable, extrêmement inflammable (dès 300°C) et explosible : spontanément sous certaines conditions de pression, et dès que sa concentration dans l’air est entre 2,2 % et 85 % (soit entre 25 000 et 85 000 ppm). Il est également très réactif avec les halogènes, l’ozone, les oxydants et les métaux comme le cuivre, l’argent et le mercure avec lesquels il donne des acétylures détonants au choc et à la chaleur. L'acétylène liquide est incolore, de densité 0,62 et constitue un explosif. Sa température de fusion est -81,8°C.

2.3. Toxicité

L’acétylène n’est pas un dépresseur respiratoire mais un dépresseur du système nerveux central. En intoxication aiguë on observe des céphalées, vertiges, nausées, incoordination motrice, perte de connaissance puis coma éventuellement convulsif.

Un mélange à 50% d’acétylène peut-être bien toléré pendant 5 minutes, un mélange à 10% pendant 30 minutes. A tire anecdotique, un mélange entre 20 et 85 % d’acétylène dans l’oxygène a été utilisé comme anesthésique général.

L’intoxication chronique ne montre aucun effet durable : asthénie, céphalées, somnolence, gastralgies, irritation bronchique (peut-être liée aux impuretés). De manière générale ce n’est pas un gaz irritant. La dose admissible doit rester inférieure à 2500 ppm, soit 1/10e de la limite inférieure d’explosibilité. Le traitement se résume à l’oxygénothérapie normobare, avec ventilation assistée si nécessaire, et à des soins de réanimation standard (extrait de la fiche toxicologique de l’I.N.R.S., Institut National de Recherche et de Sécurité).

 

3. ORIGINES et DEVENIR du CARBURE et de l'ACÉTYLÈNE

3.1. Historique

L'acétylène a semble-t-il été isolé dès 1836 par E. DAVY et préparé en 1860 par M. BERTHELOT. mais il ne devait devenir un produit courant qu'après que H. MOISSAN, d'une part, et T.L. WILSON , d'autre part, eurent, en 1892, préparé indépendamment l'un de l'autre, du carbure de calcium au four à arc électrique (à l'origine de l'électrométallurgie), inventé par H. DAVY dès 1801, mais développé industriellement par Siemens à partir de 1877.

C'est apparemment donc à Henri MOISSAN que l'on doit, le premier, la découverte du procédé de fabrication du carbure de calcium, qui apparaît alors, en France comme le premier produit de l'électrométallurgie. Chimiste français (1852-1907), il est nommé docteur ès sciences en 1885 suite à une thèse sur "la série du cyanogène". Il a développé l'usage du four électrique et isolé le fluor et le silicium ce qui lui valu le prix Nobel de chimie en 1906.

Il perfectionna le four à arc électrique et c'est au cours d'une de ses expériences que MOISSAN constata qu'à très haute température, le carbone des électrodes fusionnait et s'unissait au calcium des terres réfractaires (chaux vive) dont les parois du four étaient composées, et qu'il se formait un carbure de calcium de composition mal définie.

Ce carbure de calcium chauffé au rouge est liquide et se récupère facilement. MOISSAN continua ses expériences et présenta au mois de mars 1894 à l'Académie des Sciences du carbure de calcium pur et cristallisé de composition CaC2 nettement définie. Ce résultat était obtenu en soumettant à la haute température de l'arc électrique un mélange de charbon et de chaux vive. Il appliqua ce corps à la fabrication de l'acétylène. T.L. WILSON, un métallurgiste américain qui s'occupait de la fabrication de l'aluminium, revendiqua (plusieurs mois après la publication des expériences de MOISSAN paraît-il ?) la paternité de la découverte.

Revenons donc à la découverte de MOISSAN pour dire que certains à l'époque ont cru déceler dans l'acétylène obtenu à partir de carbure de calcium "l'éclairage de demain" alors qu'à la même époque l'éclairage électrique à incandescence et même les tubes néon étaient suffisamment performants pour ne souffrir aucune comparaison. Il convient donc de ne plus prétendre que "l'acétylène est un moyen d'éclairage plus ancien que l'éclairage électrique !", puisque l'acétylène est bel et bien né de l'électricité et lui doit tout !

3.2. Fabrication du carbure, de l'acétylène et leurs utilisations

La fabrication industrielle du carbure de calcium semble bien avoir été entreprise en France vers 1897 à l'usine de Bellegarde dans l'Ain et quasi simultanément à celle de Froges près de Brignoud dans l'Isère, en Suisse à Vallorbe dans le canton de Vaud, en Allemagne et aux États-Unis. Il existe apparemment à l'époque de gros écarts dans les aspects physiques et les qualités chimiques des carbures suivant leur provenance.

Remarque : Ce n'est que vers 1938, qu'est apparue en Allemagne la fabrication d'acétylène à partir du méthane ou de l'essence.

Un peu de chimie

La fabrication du carbure de calcium nécessite trois éléments essentiels qui sont la chaux vive, le carbone et l'électricité (pour l'énergie) qui se combinent selon la réaction suivante :

CaO + 3C + 108 300 calories -----> CaC2 + CO

(chaux vive) (carbone) (énergie) (carbure) (monoxyde de carbone)

Matières premières

La distillation de la houille ou du charbon à haute température permet d'obtenir le coke (charbon ayant un taux d'impureté très faible, moins de 10%, c'est presque du carbone pur). Le coke destiné à la fabrication du carbure est un coke plus léger et plus poreux que celui utilisé dans la métallurgie. Il contient des volatiles, de l'eau et des cendres. Le coke doit être broyé très fin, alors que la chaux, le second composant, n'exige pas un broyage aussi fin. Le coke représente le réducteur de la réaction.

La chaux vive est préférable à la chaux éteinte du fait de l'énergie supplémentaire nécessaire à la décomposition de la chaux hydratée. La chaux vive a de plus l'avantage d'être moins volumineuse que la chaux éteinte. La qualité de la chaux employée est importante. La chaux anhydre doit contenir au moins 95% d'oxyde de calcium et au plus, donc, 5% d'impuretés. Elle est obtenue à partir du calcaire. En le calcinant à 1000°C on obtient directement de la chaux vive suivant un principe similaire à la fabrication du plâtre à partir du gypse.

Le coke et la chaux sont d'abord broyés séparément, tamisés puis mélangés. Pour obtenir 1 tonne de carbure de calcium, le mélange devrait contenir en théorie 875 kg de chaux pour 560 kg de carbone. Dans la pratique, on observe des quantités de chaux de 10 à 15% supérieures.

Fabrication industrielle du carbure de calcium

Les fours de Froges (vers 1900)

Les fours fonctionnaient sur des tensions électriques de 10 volts pour 1600 ampères, il s'agissait des mêmes que ceux qui servaient à la fabrication de l'aluminium.

L'arc électrique permettant la fusion et la transformation se fait à la périphérie de l'électrode positive placée dans la cavité de fonte (conducteur négatif) qui reçoit la chaux et le coke.

Un arc électrique de 8 cm amorce la réaction qui est régulée au fur et à mesure de la transformation en remontant l'électrode. Le mélange chaux-carbone se transforme vers 1 700°C en carbure de calcium. Ce composé a une structure très proche de celle de la chaux où les ions O2- seraient remplacés par des ions C22-, ces derniers possédant une longueur plus importante, le cristal cubique est déformé et devient quadratique.

Lorsque la réaction est terminée, un ouvrier débouche le trou de coulée pendant qu'un autre recharge le creuset. le carbure fondu se répand dans une cuve de refroidissement. Il se fige en un bloc que l'on nettoie, concasse et crible pour obtenir les granulations désirées.

Et aujourd'hui ?

Il n'existe plus en France qu'une seule usine de fabrication du carbure de calcium : P.E.M. (Péchiney-Électrométallurgie) à Bellegarde dans l'Ain.

La production en 1984 était de 80 000 tonnes par an pour 2 usines. Actuellement, la production annuelle est de 40 000 tonnes. On peut estimer la consommation des spéléos français à 50 tonnes par an ! (1 kg en moyenne par personne et par an pour une pratique estimée de 50 000 personnes).

Les parois des fours doivent supporter des températures de l'ordre de 2000°C. Cela est facilité par le fait que la chaux puis le carbure sont eux-mêmes très réfractaires. Il y a donc une sorte d'autoprotection du four. 3 électrodes en carbone (pâte Soderberg) plongées dans le mélange coke-chaux provoquent le passage d'un courant de l'ordre de 70 000 ampères par électrodes sous 150 volts au secondaire par électrode ! Environ 5 tonnes de mélange sont ainsi portées à 1 800°C en 40 minutes !

Une électrode pointue de 15 cm de diamètre perce le fond du four. Le carbure en fusion coule dans des gamates. Un échantillon est prélevé pour titrer la proportion de carbure de calcium.

Le carbure industriel n'est pas pur car la réaction est incomplète, il contient environ 20% d'impuretés : carbone et chaux non combinés, ferro-silicium nodules métalliques très durs (mélanges métalliques provenant de l'association de minerais avec le charbon : acier (fer + carbone) ou carbures (fer, tungstène, titane, tantale à l'état de traces)) et scories inertes ou actives, ammoniac et hydrogène sulfuré solubles dans l'eau, hydrogène phosphoré insoluble et qui se dégage avec l'acétylène.

Après dégazage à l’eau pour produire de l’acétylène, on recueille un lait de chaux chargé en impuretés. Ces éléments présents sont notamment Al2O3, SiO2, MgO, Fe2O3… On trouve dans la chaux résiduelle des traces de nombreux métaux (en mg/kg de matière sèche) : Plomb (<5), Nickel (102), Cadmium (<1), Zinc (<5), Chrome (8), Manganèse (10), Cobalt (<5), Arsenic (<5), Cuivre (<5), Soufre (10 000), Sulfates (30 000) et des dérivés azotés : Cyanures (13,9), Ions ammonium (258), Nitrites (<0,2), Nitrates (<1), Composés nitrés au total (2293) (P. CABREJAS & Al., Spelunca n° 71). Il faut noter que ces valeurs sont bien en deçà des normes admises par la C.E.E. pour la pollution des sols ou des eaux et que seul un déchaulage sauvage dans un gour pourrait rendre l’eau impropre à la consommation.

On remarque que plus la granulométrie du carbure de calcium est petite, plus la décomposition est rapide. Il est donc de ce fait, recommandé de ne pas s'approvisionner pour l'usage spéléo en granulations inférieures à 40-60 mm (il existe cependant le calibre 25-50 mm).

C'est la norme NF T24-001 - J.O. du 21 janvier 1955 et reconduite en décembre 1981, qui fixe la granulométrie ainsi que, d'ailleurs, les caractéristiques physico-chimiques, les méthodes d'échantillonnage, les méthodes de contrôle et d'analyse et la réglementation concernant le stockage et le transport.

Utilisations du carbure de calcium, de l'acétylène et de leurs dérivés

L'éclairage : Le carbure sera utilisé pendant une cinquantaine d'années pour l'éclairage collectif dans des générateurs fixes mais aussi dans des lampes individuelles et portatives dites auto gazogènes puisque produisant d'elles-mêmes le gaz nécessaire à l'entretien de leur flamme. Les lampes à usage spéléologique (générateurs d'acétylène, calebondes, calebombes, bombonnes et autres dudules...) sont de cette catégorie.

Mais l'acétylène arrivait un peu tard pour remplacer dans l'éclairage public le gaz de ville dont l'utilisation avait été révolutionnée par l'emploi du manchon dû à AUER VON WELSBACH ; si, en 1910, un millier de villes avaient adopté l'acétylène, le développement de l'éclairage électrique allait s'opposer à l'extension de cette utilisation.

La soudure : L'emploi du chalumeau oxyacéthylénique, mis au point par C. PICARD entre 1901 et 1910 et dont l'intérêt avait été mis en évidence par LE CHATELIER dès 1895, allait par contre rapidement prendre de l'extension, lorsque les travaux de LINDE et de CLAUDE eurent fourni la possibilité d'extraire aisément l'oxygène de l'air. Le problème de la liquéfaction de l'acétylène réglé par CLAUDE et HESS en 1897 en découvrant sa grande solubilité dans l'acétone, puis les travaux de W. REPPE montrant la possibilité de le manipuler sous pression en évitant soigneusement la présence d'air et en le diluant avec de l'azote, c'est donc correctement conditionné sous pression que l'acétylène va pouvoir servir à la soudure autogène oxyacéthylénique, l'apport d'oxygène permettant d'atteindre des températures très importantes (3000°C).

La puissance spécifique d'une telle flamme dépasse celle de toutes les autres flammes et explique l'intérêt pour le soudage des aciers, même sous l'eau. Elle est utilisée pour le soudage et le coupage des métaux jusqu'à 10 cm d'épaisseur, pour la trempe superficielle des aciers, pour le brasage et soudo-brasage de tous les métaux usuels, pour la métallisation et l'apport thermique localisé. Cela signifie également que d'une part qu'elle inflige de belles brûlures aux maladroits et que, d'autre part, elle fond et brûle très bien le nylon des cordes...

Les engrais : Le cyanamide Calcique (CN2Ca) fabriqué par mélange de carbure de calcium et d'azote sert à amender les sols acides (exportation vers l'Angleterre) par apport à la fois de calcaire pour abaisser l'acidité et d'azote nécessaire à la croissance des végétaux.

Les matières plastiques : L'association de l'acétylène à des produits chlorés notamment, dès 1910 (trichloréthylène et perchloréthylène) va être à l'origine d'une véritable révolution de la chimie industrielle en faisant disparaître la séparation entre chimie organique et chimie minérale.

Ainsi, l'acétylène sera à l'origine de la synthèse du néoprène (1930), des résines vinyliques, de l'acrylonitrile (1940) puis des Polyvinyles Chlorures (PVC) et des acétates, acide acétique et acétone, nylon et autres textiles. La synthèse d'acétylène à partir de carbure de calcium tend aujourd'hui à disparaître au profit de la pétrochimie pour ce qui est des matières plastiques.

La métallurgie : Le carbure de calcium sert de produit thermogène (optimisant la production en augmentant la température de la coulée) dans la fabrication des aciers et fontes ; il sert également à la cémentation de certains aciers (traitement durcissant et anti-corrosion). Enfin et surtout, il sert à la désulfuration.

Les piles : Le "carbon-black" ou "noir d'acétylène" est fabriqué en "craquant" l'acétylène (en cassant la molécule en ses éléments carbone et hydrogène). La température de craquage est très élevée (2400°C) et cela confère au noir ainsi obtenu des propriétés particulières : pureté, conductibilité, pouvoir d'absorption. Ce noir est utilisé pour la fabrication des piles.

Autres utilisations : La combustion incomplète de l'acétylène fournit également un pigment noir utilisé dans les peintures, vernis, encres et aussi comme charge du caoutchouc.

On a pu utiliser l'acétylène, qui n'est pas toxique, pour ses propriétés anesthésiques, surtout en Allemagne et aux États-Unis (narcylène).

Enfin, le carbure de calcium a pu servir de conservateur (fruits, pâtisseries), de canon anti-oiseaux, de bombe anti-taupes ou de grenade pour la pêche (prohibée !) au carbure...

 

4. QUELQUES CONSEILS de STOCKAGE et d'UTILISATION

Le carbure, sur terre

- éviter tout contact avec l'eau ;

- stocker les fûts dans un local sec et les surélever sur des morceaux de bois d'une dizaine de centimètres de haut, afin de protéger les fonds de l'oxydation ;

- toujours refermer un fût entamé après usage ;

- ne jamais approcher de flamme ou de cigarette à côté d'un fût ouvert ;

- avoir un extincteur à poudre ou à CO2 ou du sable à proximité ;

- ne pas stocker de matière inflammable à proximité des fûts ;

- ouvrir les fûts de préférence avec des outils ne faisant pas d'étincelles ;

Le carbure, sous terre

- ne pas déchauler dans un récipient hermétiquement fermé (exemple : le bidon étanche de bouffe. Quand on l'ouvre pour chercher s'il reste du chocolat avec la flamme sur la tête...) ;

- bien que les analyses (cf. Spelunca n° 71) montrent que les taux de métaux lourds et de dérivés azotés (notamment cyanures) sont inférieurs aux normes C.E.E., on évitera de déchauler dans les cavités (pollution visuelle, dégradation…) ni même dans l’eau sauf cas exceptionnel (risque d’atteinte à la faune d’une vasque...).

L'acétylène, sous terre

- éviter de provoquer des mélanges air acétylène dans des endroits étroits et mal aérés ;

- vérifier de temps à autre à l'eau ou à la salive les joints de sa calebonde ;

- attention à la flamme lors de la manipulation d’explosif (notamment la pentrite des cordeaux détonants).

 

5. BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE

H. GUÉRIN (1968) - Acétylène. - Encyclopedia Universalis Vol. 1, 2e publication, mai 1969, pp 127-131. E.U. France S.A. 1968.

J. PERROTEY (1968) - Calcium. - Encyclopedia Universalis Vol. 3, 3e publication, octobre 1970, pp 752-753. E.U. France S.A. 1968.

C. PRÉVOST (1968) - Alcynes - Encyclopedia Universalis Vol. 1, 2e publication, mai 1969, pp 608-611. E.U. France S.A. 1968.

B. DESPORTES (1972) - Du carbure de calcium, de l'acétylène et de la lampe à carbure. - SCV Activités n° 26, 2e trimestre 1972, pp 35-38. Spéléo Club de Villeurbanne, Lyon.

J.P. COUTURIER (1986) - Comment fabrique-t-on le carbure de calcium ? - Spéléo Oc, revue trimestrielle des spéléologues du grand sud-ouest, n° 37, septembre 1986. (Extrait repris du Compte-rendu du stage moniteur Coumo d'Hyouernedo - Grands Causses M3-86, novembre 1986). pp 17-20. CSR Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées.

J.L. GOUT (1993) - 1893 : Découverte du procédé de fabrication du carbure de calcium. - Propriétés chimiques de l'acétylène. - Propriétés physiques de l'acétylène. - Fabrication industrielle du carbure. - La lampe Gossart et Chevalier. - La bavure cavernicole n° 19, 15 mars 1993, pp 5-8. J.L. Gout, Nice.

P. CABREJAS, C. LEFOULON, B. LISMONDE (1998)La question de la pollution par la chaux. – Spelunca n° 71, 3e trimestre 1998, pp 44-45. F.F.S, Paris.

Remerciements à Monsieur Dutkiewicz, ingénieur de l'usine Péchiney de Bellegarde, pour ses informations orales.